Faut-il interdire les écrans aux enfants ?
Faut-il interdire les écrans aux enfants ?
Par Serge Tisseron et Bernard Stiegle
Lien : http://www.amazon.fr/Faut-il-interdire-%C3%A9crans-aux-enfants/dp/2918414123
Extraits : http://www.femmeactuelle.fr/enfant/enfants/education/faut-il-interdire-les-ecrans-aux-enfants-02118
Les + :
– Clair
– Rapide à lire
– Démystifie pas mal de choses
Les – :
– Pas de face à face entre les deux psys (on veut du sang ! )
– L’un s’exprime surtout sur les JV, l’autre sur les programmes télé
– Peut filer la déprime si ce qu’ils prophétisent est vrai
Disclamer
Comme d’hab’, je donne mon avis alors que j’y connais pas grand chose …
Et alors ?
On a bien le droit d’avoir un avis, aussi naze et incohérent soit-il.
Et pis, si vous zêtes pas content, zavez qu’à le lire vous-même ce bouquin, d’abord.
Non mais ho !
Deux psys ami-ami
Le livre porte sur l’écran, sous sa forme vidéo et ludique au sens large, et de son influence sur la jeunesse.
Il se sépare en deux parties, chacune dédiée au point de vue d’un psychologue réputé pour ses travaux dans le domaine des médias vidéo.
La première section est celle de Serge Tisseron, connu pour ses travaux sur les jeux vidéo en tant que psychologue un tant soit peu gamer (ce qui change beaucoup de choses vis à vis de ses prédécesseurs).
Il s’épanche principalement sur les jeux vidéo, et leur influence positive et négative sur ces sales mouchards de merde nos chères têtes blondes.
Il y défend le principe des 4 âges :
– avant 3 ans = pas de télévision
– avant 6 ans = pas de console
– avant 9 ans = pas d’internet seul
– avant 12 ans = pas d’internet sans accompagnement sporadique
Il revient aussi sur la dépendance aux jeux vidéo, principalement liée à la crise d’adolescence dans beaucoup de cas.
Et éclaire la mauvaise approche faite par la plupart des spécialistes (soigner le jeu vidéo, sans soigner les éléments déclencheurs).
Une partie à faire lire à tous les détracteurs de notre passion.
La deuxième partie est consacrée à Bernard Stiegler, spécialiste lui aussi, mais dans le domaine de la télévision.
S’il touche quelques mots sur les jeux vidéo, son cheval de bataille est clairement la télévision, et la manière dont elle générera à terme un problème de santé publique.
Sa thèse est que mettre des enfants trop tôt devant la télévision influence de manière néfaste leur capacité d’emphatie.
Pour être capable de comprendre l’autre et le voir comme un être « sensible », l’enfant doit échanger avec un adulte.
En testant différentes actions (et les réactions de l’adulte), il se construit émotionnellement et s’impose des repères comportementaux.
Dans le cas de la télévision, il n’y a pas d’échange.
L’enfant reste dans une relation à sens unique, où seules ses émotions internes comptent.
A terme, selon le psychologue, l’enfant devenu adulte devient incapable de se projeter en l’autre, et de comprendre les sentiments qu’il suscite chez autrui.
Ce déficit d’emphatie amène l’individu à réagir de manière imprévisible ou disproportionnée selon un point de vue extérieur, mais tout à fait légitime selon le sien.
D’où des comportements de plus en plus agressifs et individualistes chez les générations réçentes.
Le mode de fonctionnement des médias, basé sur le financement par la publicité, n’arrange pas cet état de fait.
Ces derniers mettent en avant la pulsion (instinct), en lieu et place du désir (raison).
Ils inciteraient ainsi les spectateurs à agir (et donc à posséder) avant de se contenir (et donc maîtriser ses envies).
En résumé, la télévision, de part son mode de fonctionnement actuel, formerait des générations d’individualistes sanguins, obsédés par la jouissance immédiate.
Des gens tout gentil la plupart du temps, mais qui deviennent violent sur un « coup de tête ».
Le bon, la brute et le bouquin
La grande force de ce livre est son volume.
Tout petit, écrit en gros caractères et présenté sous forme d’interview, les 100 pages se lisent très vite.
Le fait qu’il soit destiné au grand public le rend très accessible, pour peu que vous lisiez de temps à autre.
La déception vient plutôt de la manière dont le livre est présenté.
La couverture nous annonce un match à mort entre deux extrémistes qui feraient passer Rorschach (Watchmen) pour un diplomate pacifiste.
Et au final, on a juste deux gentils monsieurs bien polis qui se rejoignent plus qu’ils ne s’éloignent.
A peine a-t-on un tacle du second vis-à-vis du premier, mais qui relève plus de l’opinion personnelle que du dogme scientifique absolu.
J’aurai aimé un affrontement un peu plus velu entre les deux spécialistes.
Là, on sent assez bien que l’auteur a compilé deux interviews sans vraiment chercher à confronter les avis.
Rares sont les questions que l’on retrouve dans les deux parties, par exemple.
Pour achever ce combat bien tiède, Tisseron parle surtout de jeux vidéo, alors que Stiegler râle surtout contre la télévision.
Tous deux sont légitimes et, probablement, dans le vrai.
Dommage qu’on reste sur sa faim niveau bataille d’argument, chacun s’aventurant peu sur le terrain de l’autre.
C’est un livre avant tout destiné aux parents, et à tout ceux qui veulent un point de vue psychologique sur les médias modernes.
Pas forcément utile pour les gamers que nous sommes. Mais toujours intéressant à parcourir pour briller dans les diners mondains (ou lors les tchats sur IRC, entre un dtc et deux lol).
Psycho
D’un point de vue plus personnel, j’ai bien aimé lire ce livre.
Les points de vue sont intéressants, bien explicités et permettent de réfléchir sur nos médiums favoris.
Si l’argumentaire de Tisseron est plutôt optimiste, celui de Stiegler est lui assez noir.
L’actualité réçente ne lui donne pas tord, ce qui n’augure rien de bon pour notre société.
Stiegler compare cette carrence d’action publique, vis à vis du formatage télévisuel dès l’enfance, à celle du sang contaminé des années 80.
On sait ce qu’il se passe, que ça va provoquer des problèmes en série, mais personne ne fait rien (soit par intérêt, soit par indifférence).
Un monde peuplé de Norman Bates, avec des médias ne pronant que l’immédiateté, a de quoi faire flipper.
Et le plus drôle, c’est que j’en fais peut-être déjà partie … :doute2
… et vous aussi ! :0
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