Natas & Bhark – Une lueur dans la nuit
[Ce billet raconte la rencontre imaginaire entre Natas Kriegwelt, répurgateur Jugement, et Bhark Menghir, ingénieur nain Bricoleur.
Cette histoire est totalement fictive, puisque ce sont deux personnages que je joue, et je ne peux évidemment pas les faire se rencontrer.
Il s’agit ici de donner une raison à l’entraide que s’accorderont l’un et l’autre dans le jeu.
Ainsi, Natas prêtera main forte pour la défense des forteresses naines, tout comme Bhark aidera l’Empire à tenir des positions.
De manière plus prosaïque, les deux avatars seront susceptibles d’aider les mêmes joueurs, selon les besoins du moment.
Je peux ainsi passer de l’un à l’autre, si ma guilde en exprime le besoin, ou faire une quête avec l’un qui bénéficiera à l’autre.
Pour que cela se tienne d’un point de vue Roleplay, il faut que les deux personnages se soient déjà rencontrés, et aient accepté une aide mutuelle.
C’est précisement ce qui est expliqué ici.]
La nuit s’était mal passée.
Parti avec un groupe, Natas était arrivé dans un village, qui s’était vite révélé corrompu par le chaos.
Submergé par la masse, il avait vaillement combattu aux cotés de ses alliés.
Malheureusement pour lui, si son âme y était, son équipement lui avait fait défaut.
Son pistolet soudain inopérant, il avait du se cantonner à sa rapière, qu’il était loin de maîtriser.
Plus d’une fois, il n’avait dû son salut qu’à ses camarades.
Le Prêtre de Sigmar à la tête du groupe ne manquerait pas de rapporter son inefficacité à ses supérieurs.
C’était sa première véritable mission de groupe, et c’était un fiasco.
Etait-il condamné à rester un incapable toute sa vie durant ?
Ne vaudra-t-il jamais mieux que la boue qu’il foulait d’un pas rageur ?
Un bruit le fit sortir de ses pensées.
Quel idiot !
Il avait marché trop loin du campement, occupé à maudire le sort qui s’acharnait sur lui.
En ces temps de ténêbres, c’était la dernière chose à faire !
Sans son pistolet, isolé des siens, dans la nuit encore noire, il n’était plus rien.
Natas jeta son pistolet dans la direction des fourrés, espérant gagner un peu de temps pour dégainer sa rapière, et maudir une dernière fois les dieux de leur fourberie.
La tirade tonitruante qu’il entendit alors le figea net.
La chose des fourrés venait de recevoir son pistolet en plein visage, et elle n’avait manifestement pas appréciée.
La langue était claire, mais l’accent prononcé. Les nombreuses références aux peaux-vertes, hybrides et barbes d’ancêtres ne laissaient plus de doute.
La chose était un nain, pas une engeance du chaos.C’était la bonne nouvelle.
Mais il était manifestement en colère, et Natas savait qu’il n’aurait aucune chance contre cette race connue pour son talent martial. C’était la mauvaise nouvelle.
« Bougre d’abruti de rejeton de gnolls puants ! Pour qui me prends-tu pour me jeter ton arme sur la caboche ?
Je ne suis pas une poubelle ambulante !
Toi aussi, tu sentirais l’haleine d’orque noir si tu avais dû marcher des jours dans ces herbes immenses surement plantées là par ces satanés elfes ! »
Bhark moulinait frénétiquement sa clé dans les airs, tout en pointant le revolver dans la direction de l’humain.
Il avait erré de forteresse en forteresse, apportant sa vision de la guerre, où les machines remplaçaient les bras.
Il n’avait pas fait beaucoup de convertis, ses inventions tombant en panne très rapidement.
Ses congénères avaient néanmoins salué la solidité des assemblages, faisant des boucliers de fortune et autres massues improvisées acceptables.
Piqué au vif, Bhark avait continué son voyage, apprenant de ses échecs et perfectionnant toujours un peu plus ses machines.
Il avait fini par arriver dans le territoire des Hommes, déchiré par l’invasion du Chaos.
Voilà un ennemi qui ferait l’affaire !
Presque aussi fort qu’un orque, et pas plus malin qu’un gobelin, un chaotique fera un parfait sujet de test pour ses armes automatiques.
Au moins, il éviterait les railleries de ses semblables en cas d’échec.
Bhark n’ayant connu que des souterrains et des chemins escarpés, il se retrouva vite perdu au milieu de nulle part, dans des herbes trop hautes pour être honnête.
Il avait ainsi zigzagué pendant des jours, sans trouver autre chose que davantage d’herbe et une faune locale assez sauvage.
Attiré par le feu du campemant, visible de loin en pleine nuit, il avait été accueilli par un pistolet dans le pif.
« Depuis quand accueille-t-on les gens en leur lançant son arme au visage ?
Est-ce là une coutume du coin ? Dans ce cas, laisse moi te montrer une coutume de chez moi !
Bhark s’approcha de Natas avec un sourire assez peu rassurant …
Natas rengaina sa rapière, le personnage étant finalement plus bruyant que dangereux.
« Veuillez m’excuser, messire Nain.
Je vous ai pris pour une créature corrompue du Chaos, et j’ai agi sous l’effet de la surprise. »
Le « messire » fit mouche.
C’était bien la première fois qu’on l’appelait ainsi, nain ou pas.
« Hmm … Mouais. Excuses acceptées.
Hmmm …
A en juger par les flammes à l’horizon, j’en déduis que tu viens de livrer bataille … »
Il jette un coup d’oeil au pistolet.
« … et que ton arme t’a fait défaut.
Voilà ce qui arrive quand on ne prend pas soin de ses affaires. »
Natas prit la mesure du bonhomme.
Les Nains vivaient longtemps. Et même si celui-ci semblait jeune, il devait avoir le triple de son âge, au mininmum.
Il avait donc plus de savoir que Natas n’en aurait jamais.
Les Impériaux étaient fiers de nature, et se mettaient toujours sur un pied d’estal.
Mais Natas avait perdu cette fierté la nuit où il avait perdu tout le reste.
S’il avait perdu toute estime pour lui même, il avait en revanche ouvert les yeux.
Le monde ne se limitait pas à Sigmar et au reste, mais à beaucoup plus.
« Votre oeil est expert.
Mon arme m’a laché en pleine bataille, et me voici aussi utile que mon chapeau.
Je peux faire peur, mais c’est tout. »
Les nains ont une tendresse particulière pour les humains.
Pour eux, ce sont de grands enfants, s’intéressant à tout de façon passionnée.
A la fois fidèle et volage, ils sont capables du pire comme du meilleur.
Avec eux, on ne s’ennuie jamais. Dommage que leur vie soit si courte.
Et qu’ils soient si imbus d’eux mêmes.
Celui là néanmoins semblait différent.
« Pour sûr, mon garçon. Mais tu manques encore de barbe pour impressionner.
Laisse moi jeter un oeil.
…
Comme je le pensais …
Tu nettoies ton arme, mais mal. Il y a toujours un résidu de poudre qui se glisse dans la gachette.
Au bout d’un moment, elle se grippe, et impossible d’armer à nouveau.
D’ailleurs, au passage tu pourras enguirlander celui qui t’as vendu ça.
La mire est faussée ! Comment veux-tu viser juste avec ?! »
Natas observait les manipulations du nain, tout en écoutant ses conseils.
Cela semblait si facile, si évident. On aurait dit que le nain avait fait cela avant même de naître.
« Et voilà ! Il est comme neuf ! »
Bhark lança l’objet au répurgateur, qui le rattrappa d’un geste sûr.
Il soupesa l’arme, vérifiant son équilibrage et testant sa visée dans diverses positions.
Il inspecta du doigt les pièces, mimant les gestes effectués plutôt par le nain.
Ce dernier détail conforta le nain dans son jugement.
– « Magnifique ouvrage. J’ai l’impression d’en avoir un nouveau. », dit le répurgateur, le regard toujours posé sur son arme.
– « Hé hé. Je suis doué, non ? As-tu saisi comment le garder en état ? »
– « Je pense, mais c’est la preuve que je dois encore progresser, au combat comme ailleurs. »
– « Tu as soif d’apprendre, on dirait. »
– « On reste médiocre, sinon. »
– « Ah ah. Tout à fait. Allons à ton campement, j’aurais d’autres choses à te montrer. », proposa le nain, déjà en train de prendre la direction des flammes.
– « Non. », lacha sèchement l’humain.
Bhark ne souria plus. Et il réalisa soudain à qui il avait à faire.
La silhouette droite, semblable à un chêne déchirant la nuit.
Le chapeau vissé sur la tête, cachant le regard dans ses ombres.
Le pistolet bien en main, prêt à cracher son métal sans coup férir.
Il n’avait pas menti sur son couvre-chef. Les répurgateurs inspiraient vraiment la crainte.
Bhark se souvint alors de ce qu’il avait entendu dire sur eux.
Des fanatiques incorruptibles, infatigables pourfendeurs du chaos.
Xénophobie et intolérance étaient les traits caractéristiques de ce métier, et plus d’un avait fini brulé vif, juste pour les avoir contredit.
Etait-ce un piège ?
Avait-il laissé la confiance s’installer pour mieux connaitre ses idéaux ?
Un nain solitaire a-t-il sa place dans l’Empire ?
Bhark allait-il être jugé corrompu ?
Il serra sa clé à molette, prêt à bondir sur ce probable allié devenu en un instant ennemi mortel.
– « Non, il n’y a plus rien là-bas. Et je doute que mes compagnons soient aussi accueillants que moi. »
Bhark se détentit. Celui-là était vraiment différent des autres.
– « Le mieux pour vous serait de suivre l’Est. Vous y trouverez un chemin vers une petite bourgade. »
– « Tu veux dire qu’ils ne me lanceront pas leur fourche à la tête ? » plaisanta le nain.
– « Ils ont été durement touchés par le Chaos, et leur forgeron les a quitté pour le front. Un nain expert comme vous sera acueilli comme un roi. »
– « J’espère que leur vinasse est bonne, alors … Parce que je risque de boire toute leur réserve ! Ah ah ah ! »
Natas mit sa main dans la besace qui ne le quittait jamais, et lança une bouteille au petit homme.
– « Tiens, tiens ? C’est un paiement pour services rendus ? »
– « Plutot un échange de bons procédés. Je parie que la guerre vous a vous aussi mis sur les routes. »
– « … Oui, c’est vrai … Sans elle, je serais encore à vider la taverne de ma famille … Ah ah ! »
Pour la première fois depuis le début de son voyage, Bhark se sentit nostalgique.
Sa famille, son clan … Allaient-ils bien ? Est-ce qu’il leur manquait autant qu’ils lui manquaient ?
– « J’aurai surement besoin de vos services, et je serai ravi de vous offrir les miens. Orques ou Chaos, c’est du pareil au même finalement. »
– « … Merci mon garçon. Tâche d’avoir toujours sur toi quelques flasques de bière, car je compte bien te revoir souvent. »
– « Je me nomme Natas. Natas Kriegwelt, Répurgateur du Jugement au service de l’Ordre du Griffon. »
– « Je suis Bhark Menghir. Ingénieur nain en route pour réaliser ses rêves ! »
Les deux individus s’échangèrent un sourire franc, leur premier sourire sincère depuis longtemps, puis s’éloignèrent.
Natas regarda à nouveau son pistolet, alors qu’il revenait vers son groupe.
« Il y a donc encore du rêve en ce monde … »
Bhark déboucha sa bouteille et en prit une rasade, tout en se dirigeant vers l’Est.
» Il y a donc encore du respect en ce monde … »
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